Mise au point

Mes mots t'ont visiblement paru durs et injustes, j'en suis désolée, je n'ai sans doute pas été suffisamment explicite. Sache d'abord que la fragilité n'est jamais repoussante et le fait de livrer tes doutes et tes peurs ne m'ennuie pas, bien au contraire, cela me touche. C'est juste que c'est nouveau pour moi cet accès de sensibilité de ta part et destabilisant aussi. Je me demande forcément si tu penses vraiment ce que tu écris. Mais cette facette de toi est plutôt rassurante, elle prouve que toi aussi le monstre froid, tu peux éprouver des émotions autres que celles que nous connaissons bien.

Quand à la perte, à la lassitude, à l'attente, j'ai une théorie là dessus que je t'avais déjà livrée: on ne va jamais aussi loin que lorsque l'on ne sait pas où l'on va. C'est une phrase de Raymond Lulle, philosophe du 13ème siècle et à laquelle j'adhère totalement. Vivre au jour le jour sans nous posez trop de questions, profiter de chaque instant intensément, c'est aussi ça l'épicurisme non ?

Oui, c'est aussi cela. Et c'est cela qui me plaît. Je ne sais pas où l'on va. Mais j'ai une scandaleuse envie d'y aller, avec toi.

Tu dis que tu n'attends rien mais c'est faux tu attends forcément quelque chose de l'autre. Tous ces désirs que tu livres, ces fantasmes que tu décris, ce n'est que la transposition de tes envies profondes et secrètes. En fait c'est peut-être ça qui te plait le plus, imaginer le plus beau, le plus fort, le plus excitant. De toute manière, je ne suis QUE ce que je suis, idem pour toi, alors il faudra bien s'en contenter ou à défaut, passer à autre chose.

Les rêves, les fantasmes, sont une nourriture. Pas forcément des attentes qui doivent être comblées. Et ce que nous sommes nous rendra fous (si ce n'est déjà fait)

Les peurs : j'en ai et sans doute plus que toi. Il y a aussi cette putain d'éducation judéo-chrétienne à laquelle il est difficile de s'affranchir. La morale me rattrappe de temps en temps, la culpabilité aussi. Ta liberté sur le sujet me bluffe chaque jour davantage.